Ce récit de Nicole Malinconi est la tentative sensible de mettre des mots sur ce qui échappe aux descriptions ordinaires. Essai sur l’évidence, sur ce contour qu’on tend à oublier. Objet anodin, inaperçu s’il en est, et pourtant qui marque la limite du dehors et du dedans, qui ouvre et qui impose la dimension du passage, de la transgression.
Y frapper, s’y coller, se frayer un chemin au travers du mur. La porte est aux confins de tout cela. Ainsi Cézanne passait-il ses toiles de l’intérieur vers l’extérieur.
Le temps de passer par là, les ocres et les roux de la Montagne Sainte-Victoire devaient flamboyer comme des incendies, dans la lumière du dehors.
Jean-Gilles Badaire a illustré ce texte d’encres noires, qui, une fois imprimées sur calques, matérialise l’idée de passage et de traversée.
EXTRAIT :
Rien de plus inaperçu qu’une porte, de plus allant de soi, on pourrait dire ; tirée ou poussée par celui qui va ou vient, entre ou sort, tout occupé à entrer ou sortir sans la prendre en considération, elle, sans même poser le regard dessus, oubliant son existence de porte ; sans quoi, pourtant, il ne pourrait pas dire qu’il est dedans ou dehors, condamné qu’il serait à se tenir dans un non lieu anonyme, ni entré ni sorti, errant dans le neutre, étant nulle part, finalement.
Ce que c’est qu’une porte, tout de même.