Si tout le monde connaît la grande histoire du grand Kakfa, beaucoup ignorent celle de sa sœur Ottla, de neuf ans sa cadette, déportée à Térézine et morte à Auschwitz. Cette effrontée qui choisit de travailler la terre et d'épouser un homme en dépit de sa religion, puis qui paya de sa vie sa générosité et sa fidélité à ses convictions.
La sœur de Kafka mérite ô combien d'être découverte et de quitter l'ombre où l'avait pu tenir la réputation de l'écrivain qui éprouvait pour elle une immense affection. Dans les petits gestes et faits de Ottla, il y a suffisamment de noblesse pour que naisse un livre. A travers eux, c'est finalement la destinée exceptionnelle d'une femme hors du commun qui apparaît soudain. Et la libre revendication du sacrifice final, auprès des enfants conduits à la mort, alors qu'elle aurait pu être sauvée, est une décision des plus rares et des plus bouleversantes qui soient.
Dans ce court récit, François David brosse un portrait tout en finesse d'une femme tour à tour espiègle, intègre et déterminée. Et d'un singulier courage. Chaque mot est pesé et trouve son écho dans l'histoire avec un petit comme un grand H. C'est ce qui fait la force de ce texte et le ramène au devant de notre actualité.
Anne Herbauts lui donne vie. Peu de documents existent sur Ottla Kafka, alors Anne lui a construit un visage entre les traits de son frère Franz et de leur mère. Un visage, qui au fil du livre et de son histoire, va s'effacer pour disparaître. Chaque élément graphique (une robe mise pour le mariage, enlevée pour le divorce; une maison-valise; trois fleurs pour trois sœurs...) fait sens dans l'histoire racontée. C'est là le talent d'Anne Herbauts.
EXTRAIT :
Kafka. Kafka. Quel étrange nom, Kafka, ses deux k, ses deux a et son f au milieu qui essaye de trouver sa place malgré tout. Kafka qui claque à l’oreille de ceux qui, dans le monde entier, aiment cet auteur étrange, si étrange que pour dire qu’une chose est étrange, ou qu’elle inquiète, ou tourne en rond dans le noir, on dit maintenant que c’est kafkaïen. Alors, on se sent tous un peu comme Franz Kafka.